1 November 2014

Une année s’est écoulée depuis l’ouverture du centre dédié au cœur de la femme (Woman Heart Health Center) et que de défis relevés ! Ce centre est devenu une réalité accessible à toutes les femmes libanaises de tous les horizons socioéconomiques soucieuses de la santé de leur cœur et de leurs artères. Elles ont compris le message : le cœur n’est pas une affaire d’hommes. Au-delà des mythes, les femmes peuvent accumuler avec le temps et en particulier après la ménopause les mêmes facteurs de risque cardiovasculaire que les hommes : obésité, diabète, hypertension artérielle, sédentarité, élévation du cholestérol et des triglycérides, sans compter le fléau du tabagisme actif et passif. Ces facteurs de risque peuvent même avoir sur le cœur et les artères de femmes des effets plus dévastateurs que chez les hommes. Ils sont souvent méconnus, mal diagnostiqués, mal traités et mal suivis. Les symptômes de la maladie coronaire chez la femme sont souvent plus subtils, plus nuancés que chez les hommes, en somme atypiques et peuvent conduire à un retard de diagnostic, souvent mis sur le compte du stress de la vie. A travers le monde beaucoup de sociétés savantes de cardiologie, européennes et américaines, beaucoup d’associations de la société civile ont compris l’importance de cette réalité émergente et notre centre a été pionnier pour porter le flambeau de cette mission.

Durant cette année, les cardiologues du centre, affiliés à l’université Saint Joseph et à l’université américaine de Beyrouth, accompagnés des cadres paramédicaux du centre, ont sillonné le pays pour animer des campagnes d’information et  de sensibilisation, auprès des municipalités, des banques et différents autres institutions, s’adressant aux femmes dans un langage compréhensible, et selon un discours unifié.  Le succès de ces manifestations a été toujours à la hauteur de l’effort fourni et a permis de mesurer le besoin des femmes d’un tel centre. Cet effort ne doit pas être interrompu st doit être complété par des campagnes publicitaires, une activation des réseaux sociaux d’information via internet, des récits d’histoires vécues, bref toute une stratégie qui vise à casser l’inertie et à traduire le message véhiculé en une démarche active de la part des femmes pour visiter le centre et avoir les bilans adaptés à leur état de santé.

En revoyant le bilan d’une année, nous n’avons été que partiellement surpris par les chiffres : une accumulation impressionnante de facteurs de risque et d’athérosclérose silencieuse chez des femmes a priori saines. Ces femmes ont reçu les conseils d’hygiène de vie, et selon le cas, un traitement médical de l’hypertension artérielle, du diabète ou du cholestérol, et certaines ont même été  référées pour une intervention sur les artères coronaires !

Des démarches actives auprès des tiers payants, sécurité sociale, mutuelle des fonctionnaires, armée, FSI, sociétés d’assurances, ont permis de faciliter l’accès pratiquement sans frais pour les femmes, sans compter celles qui n’ont aucune couverture sociale, pour lesquelles la gratuité des soins est le leit motiv du centre.

Bref une année s’est écoulée, pleine d’émotions, de travail assidu, de réunions incessantes avec tous les partenaires, de dévouement sans faille de la part des cardiologues et d’une équipe paramédicale et administrative soudée au service d’une seule cause. Le pari de Mme Wafaa Sleiman est gagné. Les femmes libanaises disposent désormais d’un centre de prévention et de dépistage cardiovasculaire moderne, agréable, convivial, travaillant selon des procédures médicales strictes. Dans un monde qui s’intéresse de plus en plus au cœur de la femme, notre centre, votre centre, sera sûrement un centre de référence.

Antoine Sarkis

Professeur en cardiologie, Faculté de médecine, USJ

Cardiologue, Hôtel Dieu de France

Membre du Bord of Trustees et du Board of Directors –Yaduna